L'histoire de ma vie

Il y a quelques années j'ai découvert un ouvrage bouleversant pioché dans une boîte à livres d'Amiens. La couverture du roman ainsi que son titre m'intriguait :
L’Étrangère aux yeux bleus de Youri Rithkeou.
L'auteur est un écrivain d'origine tchouktche; peuplade méconnue d'environ 50 000 habitants
qui vit aux confins de l’Extrême-Orient russe, sur un immense territoire séparé des côtes de l'Alaska par le détroit de Béring.
Très peu habitées, ces terres rares et sauvages balayées par le vent couvrent une superficie bien plus grande encore que notre cher hexagone.
L’Étrangère aux yeux bleus est l'histoire d'une femme qui symbolise à la fois toute la beauté et la tragédie de l'irréductible peuple tchouktche. L'auteur nous livre un roman rempli d'émotions sur fond de trame historique. Avec un regard d'une perspicacité redoutable, il parvient à faire jaillir un lyrisme poignant parcouru d'un faisceau de sentiments profonds sans jamais verser dans le misérabilisme.
Youri Rithkeou livre un vibrant hommage à un peuple fier qui doit lutter pour survivre parmi l'implacable toundra soumise à la tyrannie d'une poignée d'hommes. Il immerge le lecteur
dans un quotidien aussi rude que fascinant en nous faisant vivre l'évolution mentale et physique d'une héroïne moderne qui ne finira pas de vous surprendre ou de vous émouvoir.
En voici un extrait:
Nous sommes partis avec le canoé de Vamtche chargé de nos ballots, d'un traineau et de son attelage de chiens. Nous avons ramé vers la côte sud à travers une lagune assez vaste. Ce qui m'a fascinée dans ce paysage, c'est son immensité. J'avais l'impression de survoler toutes ces pointes de terres bleutées, ces étendues d'eau, ces collines verdoyantes, une myriade de petits lacs et de ruisseaux argentés. De la terre au ciel, la pureté des couleurs et de la nature environnante est une fête pour les yeux. j'ai lu quelque part que l’atmosphère de l'Arctique manquait d’oxygène mais je n'ai rien constaté de tel. Au contraire, après les multiples odeurs du continent, la stérilité de l'air m'a piqué les narines. Quelles senteurs pourtant que celles de la toundra! Les fleurs et les herbes exhalent des arômes subtils. Ce n'est certes pas l'odeur enivrante d'un jardin en fleurs... On a plutôt l'impression de humer un vieux flacon de parfum éventé.
